Portugal
São
João do Estoril, 4 février, 9674 km
Sous le soleil du Portugal...
Des nouvelles de nous, près de Lisbonne, où nous sommes accueillis
par une famille adorable...
Notre première partie de voyage au Portugal nous a réservé
de bonnes, et de moins bonnes surprises...
A Porto d’abord, nous nous sommes fait voler ma sacoche de guidon, en
pleine nuit, à l'auberge de jeunesse. Nous avions laissé la porte-fenêtre
entrouverte, et notre voleur n'a pas attendu que nous soyons complètement
réveillés pour s'emparer de la première chose qu'il avait
à portée de main. Heureusement, il n'y avait rien d'important
à l'intérieur. Nous sommes depuis, beaucoup plus prudents !
Les problèmes techniques du tandem ont empiré
dans les jours qui ont suivi notre départ de Porto, malgré les
réparations. En détails : de plus en plus de craquements, les
vitesses qui ne fonctionnaient toujours pas bien, et à nouveau, un problème
que nous avions eu au Danemark ! Pour finir, dix kilomètres avant d'arriver
à Lisbonne, le câble des vitesses a lâché... Nous
étions sous la neige et avions déjà fait 76 km... quelquefois
il faut avoir l'optimisme bien accroché ! Heureusement, Etienne est un
bon bricoleur.
Pour régler ces problèmes, nous sommes allés dans deux
magasins ici. Ils ont mis un peu de temps à comprendre que pour nous,
c'était important que le vélo roule bien. Mais quand, après
l'avoir récupéré, nous sommes revenus 1h après parce
que la chaîne avait cassé, ils nous ont un peu plus écoutés
! Nous l'avons repris hier, et tout semble fonctionner normalement, enfin !
Nous avions décidé de poursuivre le trajet dans l'arrière-pays
et de prendre des petites routes. Mais celles-ci sont souvent
difficiles à trouver et montent bien plus ! Après avoir beaucoup
tourné, nous avons repris les nationales... qui se transforment régulièrement
en voie rapides... On reprend alors des routes de villages très petites,
pavées, qui secouent notre équipage et font grincer, craquer,
couiner la remorque à chaque tour de roue ! C'est très discret
dans les villages tranquilles...
Mais en fait, ca ne change pas grand-chose, les gens s'arrêtent et nous
observent de toute façon ! Quelquefois on a l'impression d'arrêter
le temps...
Tout ça pour dire qu'on ne vous conseillerait pas forcément de
visiter le Portugal à vélo...
Mais parlons aussi, et c'est le plus important, de tous les bons moments
vécus ici.
Il y a, en vrac, l'accueil spontané et chaleureux de Maria et Antonio
qui nous ont offert le souper et un lieu pour la nuit; un camping gratuit; des
pique-niques ensoleillés dans les forêts d'eucalyptus ou sous les
oliviers, de vrais paysages de printemps !
En parlant de Maria et d'Antonio, je voulais mentionner toutes ces personnes
au Portugal (dont ils font partie), qui nous parlent en français ou en
allemand. A une certaine époque (les années 1960 je crois), beaucoup
d'hommes et de femmes sont venus travailler en France et dans d'autres pays
européens, parce qu'ils ne gagnaient pas assez d'argent chez eux. Ils
sont restes des années loin de leurs familles, a travailler dur, et je
trouve que ce qu'ils ont fait pour leurs proches est admirable. Bien sur, tout
le monde sait cela, et ça vaut pour d'autres personnes et d'autres nationalités.
Mais je voulais en parler, peut-être simplement pour se rappeler de la
chance que nous avons, nous qui n'avons pas à tout quitter pour aller
travailler...
Dans les photos que vous verrez, il y a celles de Tomar, ville
médiévale construite autour d'un château : une forteresse
des Templiers construite en 1160. Cette ville nous a beaucoup plu, un moment
de détente après une bonne journée de vélo !
Nous y avons goûté une des spécialités
du pays, le "bacalhau". C'est de la morue, et il existe une grande
quantité de recettes différentes...
Quant à parler de cuisine, il ne faudrait pas oublier la soupe. Je crois
que les Portugais sont les rois de la soupe ! Ils en mangent tous les jours,
et elles sont très bonnes. Nous avons même vu un snack qui ne sert
que des soupes ! Enfin, les "pastelarias" (pâtisseries) sont
aussi présentes ici que les boulangeries chez nous, et les gâteaux
ont tous l'air délicieux : par exemple le "pastel de nata",
petite tarte à la crème pâtissière.
Depuis presque une semaine, nous nous faisons dorloter par une famille portugaise.
Elle nous connait par quelqu'un de leur famille qui habite Auxerre (comme les
parents d'Etienne) : Esméralda et Arlindo, Hélio (20 ans) et Margarida
(12 ans).
Nous avons visité avec Hélio les villes des alentours, Estoril
et Cascais, la cote d'azur de Lisbonne : de belles plages,
des vagues et des surfeurs, des bars perchés sur les falaises... Quand
il fait vraiment beau, on se croirait en été !
Esméralda nous a emmenés voir la ville et un palais de Sintra,
autrefois résidence d'été des rois du Portugal. Quelqu'un
a dit " Il faut être aveugle pour voir le monde et ne pas visiter
Sintra". Je n'irai pas jusque-là, mais j'avoue que même sous
la pluie, je suis tombée sous le charme de cette ville colorée
construite sur les hauteurs de Lisbonne...
Quant à Lisbonne, où nous avons passé la journée,
elle propose beaucoup de petits "trésors" : la tour de Belem
(un des nombreux forts construits pour défendre la ville); le Monastère
dos Jeronimos, aujourd'hui utilisé par le gouvernement; et la vieille
ville, qu'on peut admirer de plusieurs points de vue (notamment depuis le château
de St Jorge).
On retiendra aussi les murs couverts d'azulejos, ces carreaux de faïence
traditionnels, et les rues pavées (toujours !) en mosaïques.
Suite à notre dernier compte-rendu, nous
avons reçu de nombreux encouragements pour la suite du voyage.
Merci de croire en nous et de nous encourager !
Après de longues discussions et réflexions, nous avons malgré
tout décidé de terminer notre périple à notre retour
en France (sans doute fin mars). Et pour une fois il est important que chacun
d'entre nous explique son point de vue...
Je me décide enfin à prendre la plume, même si Jeanne l'a
toujours fait à merveille, car je tenais à vous expliquer moi-même
ce que je ressens en ce moment.
Je crois que je sature un peu de voyager, à tel point que je n'y prends
plus plaisir. Découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, ne me
fait plus envie. Je n'ai plus cette "gourmandise" qui me faisait avancer.
Ensuite, la vie nomade me pèse de plus en plus : toujours changer d'endroit,
chercher où dormir, ne jamais avoir son "chez soi", être
dehors tout le temps, être toujours "l'invité", etc...
Un tel voyage m'a sans aucun doute fait prendre du recul sur ma vie. En particulier,
je me rends compte à quel point j'aime ma vie de sédentaire en
France, ma famille, mes amis et mon travail. Je pense souvent à mon métier
et il me manque.
Tout cela a peut-être été accéléré
par les conditions hivernales et l'arrêt à noël avec nos familles.
Mais je ne regrette en rien tout ce que nous avons vécu jusqu'ici, j'en
parlerai dans un bilan, mais notre voyage n'est pas encore fini !
Cette décision de s'arrêter plus tôt, nous l'avons prise
à deux, pour préserver notre bonheur à la fois personnel
et de couple, et c'est de loin le plus important.
Je suis très heureux de notre décision et ça me motive
bien pour vivre pleinement les deux mois qui nous restent à rouler !
Pour moi (c'est Jeanne qui reprend le clavier), ce n'était pas si simple.
Il est vrai que j'ai aussi envie de rentrer, de retrouver un "chez-moi",
mais j'aurais pu attendre le mois de juillet. Visiter, pédaler, ... me
plaît encore, malgré une petite fatigue due à l'hiver sans
doute. Par contre je vois bien qu'Etienne n'est plus aussi heureux, et ça
n'est pas facile à vivre. Je le préfère heureux à
Aix plutôt que malheureux ailleurs... S'il avait été motivé
pour continuer, je l'étais aussi, mais je suis aussi heureuse de rentrer.
J'ai déjà quelques idées pour occuper la fin de l'année...
Notre décision a été difficile à prendre, mais nous
nous sentons mieux tous les deux depuis. Je crois donc que c'est une bonne chose,
pour chacun de nous et pour notre couple (ce qu'Etienne a déjà
dit).
Il nous reste encore à peu près 2 mois de voyage, car l'Espagne
est assez étendue, et nous allons en profiter...
A bientôt !
Plaine
d'Alentejo , 17 février
Nos derniers coups de pédale au Portugal
feront partie de nos plus beaux souvenirs de ce pays. Nous avons traversé
la grande plaine de l'Alentejo : d'abord très plate, elle s'est ensuite
diversifiée avec des belles collines. Le paysage n'a guère changé
par contre. Si les champs dominaient au début, nous avons roulé
ensuite exclusivement dans des plantations de chênes lièges. Quelquefois,
des moutons, vaches ou chevaux broutaient entre les chênes, mais le plus
souvent c'était des hectares d'herbe et de petites fleurs qui tapissaient
le sol. On a pu observer les coupes sur les troncs des arbres, essayant de deviner
à quand remontait la "taille" de l'écorce...
En approchant de l'Espagne, les chênes lièges ont peu à
peu cédé la place aux oliviers.
Les villages que nous avons traversés sont tous d'un blanc lumineux au
soleil, surtout quand ils sont un peu "paumés"...
Que retiendrons-nous du Portugal ?
Nous en avons peu parlé avant, mais c'est sûrement un des pays
(parcouru durant notre voyage) où la pauvreté, voire la misère
est la plus présente. Elle n'est pas partout bien sûr, mais on
a vu régulièrement des gens dans des situations difficiles (logeant
sous des tentes au bord des routes ou à l'entrée des villes) et
surtout dans les petits villages reculés. C'est un contraste avec les
villes qui semblent être bien développées selon le modèle
occidental.
Deuxième constatation au fil des scènes aperçues en passant
ou observées "en famille" : les femmes ont l'air d'avoir un
rôle prépondérant. Nous en avons parlé avec Esméralda
quand nous étions à Estoril. J'ai l'impression que le Portugal,
comme sans doute les pays du sud en général, reste assez macho
: les femmes ont une place très (trop ?) importante dans la famille.
Nos photos ne le montrent pas, mais nous avons eu le sentiment que le pays "est
en travaux" : partout des constructions de maisons et autres, en ville
ou dans les campagnes. Cela est vrai aussi pour l’Espagne.
Enfin, nous retiendrons surtout la diversité des paysages : de belles
plages à l'ouest (Estoril par exemple), un relief plus accidenté
vers l'est et des charmants petits villages blancs, et ces plantations d'arbres
en Alentejo... N'oublions pas non plus les rencontres prévues ou pas,
et la gentillesse des Portugais quand il s'agit de retrouver notre route !
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